vendredi 11 septembre 2015

Un premier jour d'école en 2015 / Ein erster Schultag 2015


Peut-être vous avais-je déjà dit, mais le 8 janvier 2015, j'ai décidé de faire un cours sur Charlie Hebdo, avec ma 6.Klasse. C'était très important pour moi, de plus ça fait un cours avec une ouverture sur l'actualité, une réflexion sur la tolérance et l'importance de la liberté d'expression.
Au départ, je voulais leur lire un petit texte en allemand expliquant brièvement les attentats de la veille ( qui n'ont malheureusement pas été les derniers par la suite ..) et organiser une minute de silence, en même temps que de nombreux établissements français à ce moment-là. Puis non.
 Parce que je ne voulais pas leur imposer de se recueillir pour des personnes dont ils ne connaissaient ni les noms, ni les idées. Que cela me dérangeait car à ce moment là, on aurait pu aussi se recueillir pour toutes les personnes qui meurent chaque jour dans le monde à cause de leurs idées.
Et je ne regrette pas, de ne pas l'avoir fait parce que lorsque je vois le nombre de dirigeants qui condamnent la liberté de la presse dans leur pays et qui sont venus en tant que soutien à Charlie Hebdo, je me dis que ce n'était vraiment pas la peine.


Donc avec mes élèves j'ai préféré, après mon petit texte, insister sur l'importance de la liberté d'expression.
Ils ont donc pris, ( comme vous avez déjà dû le lire sur l'article Jours de deuils et marche silencieuse à pau ) chacun une feuille blanche et ont dessiné ce qu'ils voulaient, avec les mots "Freiheit", "Liberté", "Meinungsfreiheit", "RIP", "Ich bin Charlie" et "Je suis Charlie" pendant une heure, avec Imagine de John Lennon en fond sonore.
Ils m'ont fait des dessins très beaux. Sauf que.
Lorsque je me suis exclamée toute heureuse "Oh je vais pouvoir raconter cela à mes amis, à ma famille, sur mon blog, quel beau message d'espoir, quelle classe extraordinaire !", la professeur qui était avec moi à cette heure-là, m'a dit que je n'avais absolument pas le droit de diffuser ces images. Pourquoi donc me diriez-vous, il n'y avait aucun nom, aucun visage, cela est strictement anonyme... J'ai donc voulu me procurer une fameuse autorisation à faire signer des parents, en jurant sur l'honneur que si j'avais le droit de diffuser sur internet les œuvres de mes élèves, je m'engageais à ne montrer aucun visage reconnaissable, ni aucun nom !
Mais l'on m'a dit que ce ne serait pas la peine, que l'on trouverait une solution.
Je suis donc partie en séminaire, oubliant cette histoire d'ailleurs, qui était bien le cadet de mes soucis.
Et en revenant, mon supérieur hiérarchique est venu me voir, il avait une idée : créer une affiche dans le hall du Gymnasium avec tous les dessins. Ainsi ma démarche rentrerait dans le cadre d'un projet du Gymnasium, ce qui me donnait le droit de diffuser les photos et d'informer un maximum d'élèves sur les événements en France. Heureuse, j'en ai alors parlé avec la professeur qui était avec moi et  la classe le 8 janvier. Elle n'avait pas l'air au courant, et s'est interposée comme étant contre.
D'après elle, j'aurais manipulé les élèves et aurais fait de la politique en cours. Elle a exigé que je lui rende les dessins pour qu'elle puisse les jeter. J'ai bien évidemment refusé, très choquée que l'on puisse détruire la liberté d'expression des élèves ( ironie du sort, c'était quand même bel et bien le sujet de départ..). La discorde s'est très vite empirée et a pris des proportions énormes.
Cette histoire m'a un peu secouée, même si j'ai  finalement obtenu gain de cause avec le soutien de mes tuteurs et de mon supérieur.
J'ai d'abord voulu réfléchir sur mes actes et non, maintenant je le dis haut et fort :
 Je n'ai pas à me remettre en question, je n'ai pas manipulé les élèves ni fait de la politique.
J'ai relaté des événements réels et axé mon cours sur la tolérance, l'importance de combattre le racisme et les amalgames.
Mon texte était un message de paix et de bienveillance et je n'ai voulu qu'encourager leur liberté d'expression. Ce qui est grave c'est de vouloir entraver cela.
J'ai peut-être perdu la chance de retravailler cette année avec eux, car cette collègue ne me parle plus et ne veut plus coopérer avec moi.
Je trouve cela dommage, car c'est la classe qui est considérée comme la plus difficile du Gymnasium et j'avais réussi à établir entre elle et moi une relation de confiance et de bonne entente. Les élèves me respectaient et aimaient les heures avec moi.
Mais au moins, j'ai protégé  leur liberté d'expression.
Enfin bon, ceci, les événements autour et le temps froid, humide et gris de Saarland n'ont pas encouragé ma bonne humeur. Mais depuis lundi, mon affiche dans le hall est faite et je peux donc vous montrer mon travail !!

 

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